Guillaume Meurice a de la classe. Dans “Que demande le peuple ?“, le fringant humoriste joue le rôle d’un communicant, spécialiste en animation en entreprises, et grand inventeur de slogans publicitaires dont sont si friands les politiques et les chefs d’entreprise. Ces derniers en sont d’autant plus friands que le slogan, trop souvent, se veut à lui seul, programme politique et preuve d’action. Bref, ce conseiller en Comm’ a trouvé la poule aux oeufs d’or sauf qu’il est le numéro 2 de sa boite de Comm’ et comme tout numéro 2, il crève d’envie de devenir numéro 1. Le destin est parfois arrangeant, le numéro 1 en titre est en train de mourir. Notre communicant se sent pousser des ailes. Le vent du cynisme associé à la certitude de sa supériorité font de lui un beau coq de basse-cour …. Heu de haute-cour.
Guillaume Meurice pendant presque 1 heure 30 va établir une relation d’échange avec le public. Le peuple est devant lui et Guillaume Meurice en profite pour lui demander ce qu’il veut. Ce spectacle, fort bien écrit et construit, mêle l’improvisation à une trame scénarisée. Et ça fonctionne bien, même très bien. Guillaume Meurice n’est pas un humoriste tiède qui s’épargne les sujets tragiques et suscitant les passions. Il est là pour faire rire la salle mais aussi pour lui parler de la bêtise de notre monde, de son cynisme et de sa cruauté. Il le fait sans apprêts et c’est percutant. Ce qui est plaisant avec Guillaume Meurice, c’est qu’avec sa bouille sympathique qui vous donne envie d’être son pote et de boire un verre avec lui, il peut vous parler “tranquillou” de choses glaçantes (ahhh les sordides pluies d’été) et compliquées mais démystifiées (le crédit, la crise financière). Bon, il maltraite la pauvre vacataire en régie mais elle le lui rend bien.
Guillaume Meurice porte sur ses épaules un poids désormais bien grand : tout l’espoir que l’on peut placer en lui pour qu’il devienne un humoriste dans la lignée de Desproges, c’est à dire un humoriste qui cogne la où ça fait vraiment mal avec esprit, impertinence, verve et espièglerie tout en façonnant son style. Disons le clairement, tous ces éléments se retrouvent dans son spectacle présenté au festival off d’Avignon. De l’affiche au rappel, tout est maitrisé et vous donne le sentiment troublant que dans notre pays, et sur la planète humoriste en particulier, tout n’est pas encore gagné par la mièvrerie et la médiocrité. Guillaume Meurice est une belle plume acérée qui réveille et interpelle le public. Sacré communicant !
Guillaume Meurice interroge le peuple au théâtre du Cabestan à 19h15.
Fred Lecoeur
(Publication initiale : 14 juillet 2016) Sur l’ancien site des Editions Sanquilsoitbesoin, cet article a été partagé plus de 1000 fois sur Facebook et a eu 5985 lecteurs !