Le mois de janvier est traditionnellement le mois des vœux, de la galette des rois, de l’usage des médicaments à vocation de soulagement de notre système digestif et celui des bonnes résolutions pour la nouvelle année.
Janvier est aussi le mois des œuvres qui basculent dans le domaine public, c’est-à-dire des œuvres dont l’usage et la détention sont libres de droits d’auteur et donc sans contrepartie financière. Toutefois, si le lecteur désire acquérir un livre, libre de droits, sur support physique, il devra en payer le coût de fabrication et de mise à disposition mais pas les droits d’auteur. Cela signifie que tout lecteur peut, potentiellement, télécharger un ouvrage libre de droits sans dépenser un centime et tout éditeur peut publier un tel ouvrage sans verser de royalties aux ayants droit de l’auteur.
De nouvelles œuvres
Gallica vient de publier sa désormais traditionnelle liste d’œuvres et d’auteurs entrés dans le domaine public au 1er janvier de l’année en cours. Pour 2020, on y trouve peu d’auteurs très connus : Edmond Jaloux ou Maurice Maeterlinck. 2020 est donc comme 2019, on y trouve de nombreux inconnus, c’est-à-dire de nombreux auteurs ayant eu un succès d’estime, un succès limité ou des auteurs n’étant plus médiatisés. En 2019, sont tombés dans le domaine public quelques noms prestigieux. On en retiendra au moins deux : Antonin Artaud et Georges Bernanos.
En toute logique, Gallica va donner un accès libre, pour tous les internautes, à la lecture des œuvres de ces artistes dès lors que ces dernières sont numérisées. Le problème, avec Gallica, est que cet accès ne permettra pas le téléchargement sous format Epub de ces œuvres. Cela n’est pas une difficulté dès lors que n’importe qui peut numériser ces œuvres et les diffuser gratuitement sous format Epub ou Kindle, pour ne parler que des livres numériques. Certains ont pu constater que les ouvrages de Bernanos par exemple étaient déjà accessibles en téléchargement sur certaines plateformes de diffusion de livres numériques. Cette pratique n’était pas légale en France. Cette diffusion est désormais légale depuis le 1er janvier 2019. Il convient de rappeler aux lecteurs d’être vigilants sur le choix des sites pour télécharger des livres numériques. Une sélection de ces sites vous avait été proposée dans un précédent article (cliquer ici pour le lire).
Domaine public et gratuité
Entrer dans le domaine public signifie-t-il que l’on ne doit plus jamais payer pour lire et/ou posséder un ouvrage libre de droit ? La réponse est non. En effet, outre le coût de fabrication de l’ouvrage (y compris sous support numérique) des éditions d’œuvres entrées dans le domaine public justifient parfois, par leurs qualités intrinsèques, le paiement d’un droit d’acquisition. Citons pour l’exemple la réédition que nous avons réalisé des Lettres d’un excentrique de Olga de Janina. Le texte est entré dans le domaine public le 1er janvier 1965. Une diffusion numérique de cet ouvrage pouvait donc être envisagée gratuitement (et Gallica propose le téléchargement de cet ouvrage sous format Epub). Pourtant, au cas d’espèce, la gratuité ne s’imposait pas car la réédition de cet ouvrage est plus qu’une réédition de l’ouvrage d’origine. En effet, le texte des Lettres d’un excentrique est accompagné de nombreuses notes d’éditeur protégées par le droit d’auteur (expliquant un contexte, un mot etc…), d’une longue préface biographique originale (ayant nécessité plus d’un an de recherche), elle aussi protégée par le droit d’auteur (donc du préfacier), et par la publication complémentaire d’un texte inédit. Dans cet exemple, la réédition des Lettres d’un excentrique va au-delà du simple copier/réimprimer de l’édition originale car il s’agit d’une production éditoriale d’un ensemble original et donc justifiant un prix d’acquisition pour le lecteur.
Comment accéder à ces œuvres ?
Désormais, les lecteurs peuvent espérer télécharger gratuitement, dans leur version d’origine, les nouvelles œuvres entrées dans le domaine public au 1er janvier 2019. Ces téléchargement sont possibles à condition de trouver la bonne plateforme de téléchargement. Une bonne plateforme de téléchargement est une plateforme qui permet d’obtenir un fichier numérique de qualité (sans bugs) qui respecte l’œuvre diffusée (pas de coupures, pas de rajouts) et qui est vierge de tout cheval de Troie et autres horreurs de ce genre. Gallica est une plateforme de téléchargement idoine dont le défaut est de ne proposer « que » 4 540 Epubs à télécharger (alors que la Bibliothèque nationale de France dispose de 22 millions de références) et surtout de ne proposer quasiment aucune nouveauté depuis plusieurs années.
Autre difficulté, la mise en veille de sites historiques de téléchargement. Il en est ainsi de la Bibliothèque électronique du Québec qui ne publie plus d’ouvrages numériques depuis le 9 février 2018, à la suite du décès de son fondateur (restent en accès permanent les 2 840 ouvrages déjà mis en ligne). D’autres sites de téléchargement sont entrés dans une période de longue hibernation et ne mettent en ligne quasiment, voire plus du tout, de nouveautés entrées dans le domaine public : ebooks libres et gratuits (les dernières nouveautés sont datées du 16 mai 2018) ou Feedbooks (plus de nouveautés depuis plusieurs années).
Heureusement, deux des principaux diffuseurs historiques restent productifs : la Bibliothèque numérique romande et le projet Gutenberg. Enfin, l’état du secteur du livre numérique ne peut pas être évoqué sans faire référence à la mise en sommeil du blog de Aldus depuis septembre 2018. Ce blog était une référence pour toute l’actualité du livre numérique tant pour les supports (liseuses) que pour les contenus (Ebooks) et les projets éditoriaux.
Bonne lecture des nouvelles œuvres entrées dans le domaine public !
Editions SQSB