Théâtre

La tactique du diable au festival off d’Avignon 2016

imageLa tactique du diable est une pièce adaptée du roman épistolaire de C.S. Lewis par Michel-Olivier Michel lequel signe aussi la mise en scène et endosse le rôle du maître chargé de vérifier l’aptitude de son élève à se saisir d’une âme. La pièce bénéficie d’une bonne critique presse et se joue dans la chapelle de la mission italienne / chapelle Notre Dame de conversion. L’idée est plaisante d’introduire le malin et son élève dans une chapelle qui plus est, italienne donc forcemment parée des vices latins.

Le plateau de scène, très poussiéreux (on plaint les acteurs) n’est occupé que par un piano. Au clavier, un instrumentiste assurera, tout au long de la pièce, la bande musicale et les bruitages des sorts ou injonctions envoyés par le malin dans la tête d’un jeune homme qui s’adresse à son créateur pour trouver force, amour et dépassement de ses défauts humains et viles tentations.

L’élève du malin, sous le contrôle de son maître, va s’employer à détourner le jeune homme de ses prières pour le conduire à fauter. L’élève n’a visiblement pas suivi avec sérieux ses cours ou a eu de piètre professeurs car il n’arrive pas à ses fins. Il est vrai, le mystère insondable de l’amour crée un écran entre les forces du mal et le Dieu créateur entouré de ses anges non déchus.

tactiquedudiableMichel-Olivier Michel connaît bien son sujet et cela se voit et s’entend. L’acteur metteur en scène impose sa présence sur le plateau comme on est en droit de s’y attendre de la part d’un maître. L’élève, en dépit de sa prestance physique ne pourra pas rivaliser avec le maître. Face à la puissance du maitre, Alexis Chevalier, qui joue le jeune homme dont l’âme est convoitée, impose sa fragilité et sa beauté toute auréolée de la jeunesse. Ce contraste entre la puissance, forcemment démoniaque, des anges noires, et la fragilité sensuelle du jeune homme est des plus réussi.

La pièce n’évite pas des lieux communs et une dernière partie moins à la hauteur que le début. Un soupçon de mièvrerie en fin de pièce gâche un peu l’impression d’ensemble.image Néanmoins, les acteurs sont tous au niveau. Ils maitrisent leur texte et les situations. Le plaisir du public est assuré. On regrettera juste un placement des deux projecteurs rouges en front de scène qui gênent parfois la vue du public et un désagréable grésillement électrique qui disparaît chaque fois qu’un spot de lumière blanche vient éclairer la scène. Ce ne sont que des détails et en aucune façon, ils ne viennent gâcher le plaisir d’assister à cette tentative de voler une âme en frôlant dangereusement cette incroyable invention du tout puissant : l’Amour.

La pièce se joue à 12h45 / Chapelle Notre Dame de conversion.

Fred Lecoeur

(Publication initiale : 10 juillet 2016)