Autographes

Jean GUITTON

« Cher ami, je vous remercie de ce Balzac… Vous savez que je descends du lys et de la Grenadière, où j’ai retrouvé « ma mère dans sa vallée ! !. », Quant à ce « silence sur l’essentiel » (que je voulais vous remettre) il descend de Louis Lambert et de Seraphita. C’est mon « testament ». Jean Guitton. 13 X 86

Cette très belle dédicace a été faite pour Félicien Marceau.

Il y a quelques années, un président de la République française a présenté ces derniers vœux de bonne année aux français en évoquant sa mort prochaine par le biais d’une référence à la force de l’esprit qui reste alors que le corps n’est plus. Cette intervention télévisuelle marqua par son originalité, son côté inattendu, et par le sujet abordé. Evoquer la seule et ultime expérience que nous partageons tous, mais que nous vivons tous en solitaire, dans un discours aux français par un chef de l’Etat restera certainement un cas unique dans l’histoire.

Ce président avait rendu visite à Jean Guitton pour s’entretenir avec lui de ce grand mystère que constitue la mort. Jean Guitton avait été consulté en raison de son esprit libre car, si Jean Guitton est classé dans la catégorie “écrivain catholique”, il est avant tout un philosophe, un laïc. Pour Jean Guitton, la religion est un ensemble de mystères et le mystère est une échelle dont on grimpe les barreaux. Le dernier barreau étend la mort et l’au-delà.

Jean Guitton a longtemps vécu dans la Creuse. Pour ceux qui connaissent ce département français, nul lieu n’est plus approprié pour conduire et développer une réflexion sur la place de l’homme dans le monde et sur le sens de notre existence.
Par la force de sa pensée, la clarté de son expression, le souci permanent du respect de l’autre, et sa recherche sur ce qui doit faire sens et peut rapprocher les individus au-delà de leurs croyances individuelles, Jean Guitton est un auteur dont la lecture ne peut être que profitable à celle et à celui qui entend conduire son fort intérieur une réflexion intelligente, impertinente sur la nature de son existence, sur sa réalité d’être pensant et sur la force de l’esprit.

Pour Jean Guitton, le catholicisme est la voie qui permet d’entretenir entre les hommes un rapport de paix. Il est possible, en tant que lecteur, de ne pas suivre Jean Guitton jusqu’à ce choix du catholicisme car chacun trouve une discipline, une école, un courant de pensée qui lui convient.  Et c’est là, tout l’intérêt des écrits de Jean Guitton. Ce dernier nous donne des outils permettant de penser, de questionner les mystères et d’une certaine façon les angoisses qui nous taraudent indépendamment de tout rattachement à une église, à une religion. De fait, au-delà de son étiquette d’écrivain catholique, Jean Guitton restera comme un intellectuel qui aura donné à tous ses lecteurs des outils permettant de soutenir une réflexion introspective sur ce que l’on est et sur cette vérité que nous souhaiterions mieux percevoir et comprendre.

La dédicace rédigée pour Félicien Marceau orne un livre très synthétique dont le titre est « Silence sur l’essentiel ». Ce livre est présenté comme un testament ou l’auteur exprime ses derniers jugements sur la relation de l’église avec le monde moderne. Pour l’auteur, la survie de l’homme dépendra d’un choix qu’il faudra faire entre le progrès spirituel ou la mort spirituelle. Une fois de plus, Jean Guitton aborde des questions fondamentales qui dépassent, et de loin, les soubresauts d’une actualité bien souvent « terre à terre » et sans grand intérêt dans les jours, les mois ou les années qui suivent. Jean Guitton est le philosophe de la recherche du sens et cette recherche dépasse bien évidemment les croyances auxquelles on peut se soumettre, les époques dans lesquelles on vit. Jean Guitton adresse ainsi son discours à une humanité qui cherche à maîtriser ses peurs.

Alors dans ce livre, Jean Guitton parle de l’essentiel, du silence fait sur l’essentiel Pour aborder l’essentiel, l’auteur parle de la vérité, de la prière, du témoignage ou de l’unité.

L’auteur nous parle des crises qui frappent notre société, des crises qui, mondialisation oblige, ne sont plus des crises solitaires, des doutes exprimés localement par un individu mais des doutes et des crises à l’échelle mondiale. Ces crises génèrent de l’angoisse. Selon Jean Guitton, chaque être pensant est à la recherche de la vérité. Mais cette recherche de vérité n’est pas aisée car elle conduit parfois à traiter des sujets ou exprimer une opinion qui pourrait peut être gêner autrui. Alors, pour ne pas mettre mal à l’aise, très souvent, nous mettons de côté ce qui nous sépare. Or, ce qui nous sépare touche à l’essentiel, et cet essentiel est le cœur de la vérité. Mais quelle est cette vérité ? Qu’est-ce que la vérité ? Jean Guitton fait la distinction entre le subjectif et l’objectif entre ce qui est vrai « pour moi » ce qui est vrai « en soi ». Pour Jean Guitton, la crise du temps présent n’est pas tant théologique que philosophique, Protagoras et Socrate dialoguent encore et toujours.

Vous l’avez compris, dans ce court texte à valeur testamentaire, Jean Guitton nous parle de cette recherche de Dieu, de cette recherche de ce qui nous transcende et de ce qui doit nous rassembler dans le respect de l’altérité, loin de tout dogmatisme, loin de tout fanatisme. Jean Guitton évoque cette recherche de la vérité qui ne peut que conduire chaque homme dans un état de paix. Jean Guitton  regrette ce soucis excessif d’entretenir un débat trop souvent poli, aseptisé et sans prises de risque dans l’argumentation et la contre argumentation. Jean Guitton déplore ainsi, à demi-mot, l’absence de l’échange et de la conversation entre les individus.

L’une des peurs récurrente des hommes est la fin du monde. La fin de notre monde est-elle pour autant celle du monde et est-elle notre fin personnelle ? Réfléchissons à tout cela et pour mieux conduire notre réflexion sur des sentiers permettant de voir quelques panoramas intéressants et instructifs, lisons Jean Guitton.